Le vieillissement n'altère pas la capacité d'une personne à produire une palette de sons diversifiée.
L’âge peut-il influencer notre capacité à produire des sons forts ou faibles, graves ou aigus? Pas si on en croit une étude publiée dans la revue AGE par des chercheurs du Laboratoire des neurosciences de la parole et de l’audition de l’Université Laval. Les travaux de cette équipe indiquent que la capacité de moduler la fréquence et l’amplitude de notre voix serait un mécanisme de contrôle de la parole conservé avec l’âge.
Fréquence et amplitude sont les caractéristiques de base de la voix, explique Catherine Lortie, doctorante en médecine expérimentale et première auteure de l’article. «La fréquence représente le nombre de cycles par seconde, que l’on peut se représenter comme des vagues, et l’amplitude est la hauteur de chaque vague.» Pour étudier la relation entre le vieillissement et ces paramètres acoustiques fondamentaux, l’équipe de scientifiques a soumis 80 personnes, âgées de 20 à 75 ans, à une série de tests. D’abord, elles devaient produire, pendant trois secondes, le son «a» en modulant au maximum l’amplitude de leur voix, sans murmurer ni crier. Elles devaient ensuite faire le même exercice en produisant le «a» le plus grave et le plus aigu possible. Enfin, elles devaient lire à voix haute de courtes histoires telles que Le petit chaperon rouge ou Les trois petits cochons.
Résultats? L’âge n’altère pas la capacité de moduler l’amplitude et la fréquence de la voix. «De plus, les personnes âgées, comme les plus jeunes, étaient parfaitement capables de jouer avec leur voix pour s’adapter aux personnages, faire une petite voix aiguë ou produire une voix plus grave», précise Catherine Lortie.
Même si nous conservons la capacité de jouer avec notre voix avec le passage des ans, celle-ci se transforme tout de même avec l’âge, rappelle la doctorante. «Le larynx – un organe phonatoire essentiel – se compose de muscles et de cartilages qui sont affectés par le vieillissement, comme le reste de notre organisme.» Ces transformations contribuent à modifier les caractéristiques acoustiques de la voix qui devient globalement moins puissante et plus instable. «La voix d’une personne âgée peut sonner plus essoufflée, plus rauque ou plus grésillante que celle de sa jeunesse, mais le vieillissement n’a pas de conséquences dramatiques sur la production de la voix. Finalement, tout n’est pas négatif», conclut Catherine Lortie.
L’étude parue dans la revue AGE est également signée par Pascale Tremblay, du Département de réadaptation, Mathieu Guitton, du Département d’ophtalmologie et ORL, et Mélanie Thibeault, de la société Nuance Communications à Montréal.
Publié le 4 mars 2016 dans Le Fil