Je peux planer d’arbre en arbre à la manière d’un écureuil volant. Je ne suis pas plus gros qu’une corneille, j’ai de longues plumes en guise de queue mais mes ailes ressemblent à celles d’une chauve-souris. Qui suis-je ? Indice : un dinosaure, de la modeste famille des scansorioptérygidés.
Il y a 163 millions d’années, l’Ambopteryx vivait en forêt, dans ce qui est maintenant le nord-est de la Chine. Arboricole et omnivore, ce petit dinosaure pouvait vraisemblablement planer d’arbre en arbre à l’aide des ses ailes membraneuses, lesquelles se terminaient par de longs doigts griffus. C’est du moins ce que suggère la découverte d’un fossile décrit par des scientifiques de l’Académie Chinoise des Sciences dans la revue Nature.
L’Ambopteryx ne vient pas d’une grande famille. Il appartient à un groupe de dinosaures dont on ne compte à ce jour que 4 espèces : les scansorioptérygidés. Avec son confrère le Yi qi, découvert en 2015, c’est seulement le deuxième dinosaure à plumes connu à ce jour qui aurait développé la capacité de voler grâce à des ailes membraneuses.
En fait, la capacité de voler semble être apparue au moins 3 fois, de façon indépendante, au cours de l’évolution des archosauriens, ce grand groupe qui rassemble reptiles, dinosaures et oiseaux modernes. Une fois chez les ptérosaures, ces immenses reptiles volants, contemporains des dinosaures. Une fois chez les scansorioptérygidés. Une autre fois enfin, au sein des dinosaures aviens, groupe duquel ont évolué tous les oiseaux que l’on connait aujourd’hui.
Pour comprendre ce phénomène d’évolution convergente (apparition d’un caractère commun chez des espèces distinctes), il faut se référer à Charles Darwin et à sa théorie de la sélection naturelle. Si des espèces sans lien de parenté vivent dans des environnements semblables, elles peuvent développer des caractères similaires en réponse à des problèmes communs. Par exemple, la capacité de voler pour échapper aux prédateurs dans un milieu arboricole.
Le vol a donc été expérimenté par plusieurs lignées distinctes au cours de l’évolution des archosauriens, en réponse aux mêmes pressions environnementales. Cependant, seuls les dinosaures aviens ont survécu pour déboucher sur les oiseaux actuels.
Publié le 6 juin 2019 sur le site internet de Québec Science