La doctorante Clara Bleuven fait passer un mauvais quart d'heure aux levures pour identifier les gènes qui assurent leur survie dans des conditions difficiles.
Clara Bleuven est sans cesse à la recherche de nouveaux défis à la hauteur de sa passion pour la biologie évolutive. Touche-à-tout dans son domaine de prédilection, la jeune scientifique se démarque par la diversité et l’originalité de ses projets. Son travail et l’enthousiasme qu’elle y porte lui ont d’ailleurs permis de décrocher l’une des bourses de leadership et développement durable de l’Université Laval, volet leadership scientifique.
C’est en janvier 2015 que Clara Bleuven est arrivée au Québec pour entamer son doctorat dans l’équipe de Christian Landry à l’Institut de biologie intégrative et des systèmes de l’Université Laval. Son défi actuel? «Torturer des levures», selon ses propres mots. En effet, la doctorante soumet les levures à des chocs environnementaux brutaux, comme une exposition à un milieu acide, et elle examine ensuite les levures qui s’en tirent afin de déterminer à quels gènes elles doivent leur survie. Ce «sauvetage évolutif» représente une question fondamentale en biologie et sa portée dépasse le simple cas des levures, précise-t-elle.
La question est donc de taille et la quantité de travail à accomplir pour la résoudre pourrait en effrayer plus d’un. Pourtant, c’est tout autrement que Clara Bleuven voit cela. «J’ai passé un an à développer un protocole inédit et à tester différents chocs. Les levures poussent ou ne poussent pas, c’est très visuel et ça rend la chose très ludique», raconte-t-elle.
Intéressée par les processus fondamentaux d’adaptation évolutive et de divergence des espèces, la doctorante a su créer les occasions de satisfaire sa soif de connaissance. Que ce soit un stage passé à étudier les sous-espèces d’oiseaux de paradis au Musée américain d’histoire naturelle de New York ou des travaux menés sur les cténophores – des organismes proches des méduses – à l’Université Pierre-et-Marie-Curie de Paris, Clara Bleuven profite de toutes les possibilités.
«C’est époustouflant de voir à quel point chaque organisme, que ce soit l’humain, la méduse ou même la levure, est complexe, raconte-t-elle. Étudier cette complexité, comprendre comment et pourquoi elle varie entre les espèces sont des questions qui me motivent. C’est ce qui m’a guidé dans mon cursus: essayer de comprendre comment nous avons pu devenir aussi différents d’une méduse, alors que nous venons d’un même ancêtre.»
Publié le 19 mai 2016 dans Le Fil