Après le compostage des déchets de table, voici le compostage humain.
Et si après ta mort, tu servais d’engrais pour des plants de patates ? « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, » disait le célèbre chimiste Lavoisier au 18e siècle. Cette affirmation tient aussi pour le compostage d’humains !
Le principe est le même que dans ton compost de jardin, où tu déposes tes restes de tables : la décomposition des matières organiques par des bactéries produit un engrais riche qui peut ensuite être réutilisé pour la croissance des plantes. Depuis peu, la « version pour humain » est proposée par une poignée d’entreprises aux États-Unis comme une alternative plus verte aux méthodes d’inhumation classiques, comme l’enterrement ou la crémation.
C’est sûr que de s’imaginer finir ses jours dans le bac à compost, ça ne donne pas vraiment le goût d’essayer. Mais dans le cas de l’entreprise Recompose, pionnière du domaine, la personne décédée est plutôt installée sur une civière puis recouverte de copeaux de bois, de luzerne et de paille. Ce mélange est idéal pour stimuler les bactéries présentes naturellement sur le corps du défunt et qui seront responsables de sa transformation en terreau.
Le défunt, ou la défunte, est ensuite placé(e) dans une alvéole, un peu comme dans une ruche d’abeille. À l’intérieur, l’air, la température et l’humidité sont étroitement contrôlés afin que les bactéries responsables du recyclage soient le plus performantes possible. Elles apprécient particulièrement les conditions chaudes et humides, ce qui accélère la décomposition.
Au bout de 30 jours à peine, le miracle s’opère. D’humain, le défunt est devenu terre. Même les os et les dents ont disparus ! La famille peut ensuite récupérer le terreau produit (environ 1 m3) ou en léguer la majeure partie à l’entreprise, qui s’en sert pour fertiliser des milieux naturels dont les sols ont été appauvris par la déforestation.
Ce compostage, aussi appelé humusation des corps, permet de séquestrer le carbone dans le sol au lieu de le rejeter dans l’atmosphère, comme c’est le cas pendant la crémation. De plus, il ne relâche aucun composé polluant, contrairement aux enterrements « classiques » qui impliquent l’utilisation de produits d’embaumement.
Une fois ce compost intégré au sol, les plantes raffolent de l’azote qu’il contient, à tel point qu’il peut induire un changement rapide de la couleur des feuilles. Des chercheurs en criminologie essaient même d’exploiter cette particularité pour détecter la présence de cadavres humains en forêt !
Publié le 22 décembre 2021 sur le site internet du magasine Québec Science, ici