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Photo du rédacteurRachel Hussherr

Catherine Dubois, architecte transfrontalière

De Québec à la France en passant par l'île de La Réunion, cette postdoctorante veut rapprocher l'architecture et l'urbanisme pour mieux adapter la ville aux changements climatiques


 

Faisant fi des frontières géographiques, universitaires et professionnelles, Catherine Dubois sort sans cesse des sentiers battus. Son audace a d’ailleurs été saluée par le prix 2015 de la meilleure thèse en cotutelle France-Québec, décerné par l’Association francophone pour le savoir.


Après avoir obtenu sa maîtrise en architecture à l’Université Laval en 2006, Catherine Dubois déniche un emploi à l’île de La Réunion. Quatre ans plus tard, elle choisit pourtant de reprendre ses études à l’Université Laval. Ce n’est pas sa vie là-bas, qu’elle appréciait, qui a poussé cette Québécoise à revenir au pays, mais plutôt le besoin de passer au-delà des barrières imposées par la réalité de son métier. «Dans le milieu professionnel, les contraintes de temps et de budget sont si serrées qu’on rend un projet alors qu’on sait d’entrée de jeu qu’il pourrait être meilleur, déplore la chercheuse. J’ai eu cette volonté de dire: moi, je refuse ce système, j’ai envie de changer les choses».


Pour changer les choses, Catherine Dubois voit grand. Forte de son expérience sur le terrain, elle s’inscrit au doctorat en ambiances architecturales et urbaines pour s’attaquer au sujet des changements climatiques. Ce retour aux études est d’ailleurs loin d’être une sinécure. Non seulement doit-elle construire son doctorat de toutes pièces à la Faculté des études supérieures et postdoctorales (il n’y avait pas de doctorat en architecture), mais elle choisit un thème ambitieux et novateur, qui cherche à réconcilier la ville, le bâtiment et l’environnement.


Aux dires de l’actuelle postdoctorante au Centre de recherche en aménagement et développement de l’Université Laval, cette problématique n’avait reçu jusqu’alors que trop peu d’attention dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. «Les villes devraient être construites pour anticiper les changements du climat, comme la hausse de la température ambiante par exemple.» Même si cette conviction prend racine dans ses expériences de terrain, la diplômée en architecture admet que ce ne sont pas là les seuls ingrédients à la base de son projet doctoral. «J’ai rejoint une équipe pluridisciplinaire qui se posait la question de l’adaptation aux changements climatiques dans la région de Québec. Forcément, ça a contribué à orienter mes réflexions.»


Catherine Dubois ne s’arrête pas là. Quitte à faire un doctorat qui sort de l’ordinaire, pourquoi ne pas carrément revisiter la façon de conduire un projet? C’est pourquoi elle choisit de mener sa thèse en cotutelle avec un professeur de l’Université de Toulouse, en France. «La recherche se fait de manière différente là-bas, soutient-elle. Cette cotutelle m’a permis de m’ouvrir à différents points de vue dans différents pays, tout en restant ancrée à Québec.»


Inspirée par ces différences, Catherine Dubois a choisi de concevoir sa thèse comme une nouvelle façon de conduire la recherche. Ainsi, son doctorat, qu’elle achevait l’an dernier, a débouché sur la création d’une feuille de route. «Il s’agit d’un outil pédagogique qui vise à mettre en relation les urbanistes et les architectes, afin qu’ils travaillent ensemble pour une meilleure adaptation des villes aux changements climatiques. Ainsi, la feuille de route lie plusieurs échelles d’intervention» explique-t-elle.


Son deuxième postdoctorat, qu’elle entreprendra dans quelques mois à Toronto, vise justement à raffiner et diffuser cette feuille de route. «J’imagine bien un support très visuel, en ligne. De cette façon, les professionnels pourraient facilement trouver l’information s’ils en ont besoin», affirme la chercheuse qui n’a visiblement pas fini d’innover!


 

Publié le 26 novembre 2015 dans Le Fil


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